Hépatite C : l’ATU de cohorte de siméprévir ouverte pour le génotype 4

Publié par Renaud Persiaux le 02.12.2013
14 100 lectures
Notez l'article : 
3
 
0
Thérapeutiquesiméprévirvhchépatite C

Enfin une nouvelle option pour le génotype 4 de l’hépatite C. Le siméprévir est une anti-protéase du VHC de deuxième génération, la première n’étant indiquée que contre le génotype 1. L’ATU de cohorte vient de s’ouvrir. L’autorisation de mise sur le marché européenne est attendue pour le printemps 2014.

Actif contre le génotype 4 et le génotype 1, le siméprévir est un inhibiteur de la protéase du VHC de deuxième génération. Les médicaments actuellement sur le marché, Victrelis (bocéprévir) et Incivo (télaprévir), de la première génération d’antiprotéases, n’étaient indiqués que contre le génotype 1.
Le siméprévir s’utilise en 1 gélule de 150 mg une fois par jour, pris avec de la nourriture (le type d'aliments n'est pas important).

Dans le cadre de cette ATU (autorisation temporaire d’utilisation), le siméprévir est indiqué dans le traitement de l'hépatite C chronique due au virus de génotype 4, en association avec l’interféron pégylé et la ribavirine, chez les adultes ayant une maladie du foie compensée avec un stade de fibrose F4 (cirrhose), avec ou sans co-infection, en échec après traitement par interféron avec ou sans ribavirine.

Pour les personnes n’entrant pas dans les critères de l’ATU de cohorte, des autorisations temporaires d’utilisations nominatives du siméprévir sont possibles dans certains cas, le médecin doit en faire la demande auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Le schéma de traitement de l’ATU

Pour cette ATU, il y a une phase de trithérapie (siméprévir + interféron + ribavirine) pendant 12 semaines, suivie d’une phase de bithérapie interféron + ribavirine pendant 12 ou 36 semaines, selon les cas.

Pour les personnes dites "rechuteuses" (dont le virus est réapparu dans les 6 mois après un précédent traitement), et dont le virus est indétectable à la 4e semaine de trithérapie avec siméprévir, il y a 12 semaines supplémentaires de traitement par interféron + ribavirine (durée totale de traitement de 24 semaines). Si à la 4e semaine la charge virale n’est pas indétectable, mais est inférieure à 25 UI/mL, il y a 36 semaines supplémentaires d’interféron + ribavirine (durée totale de traitement de 48 semaines).

Pour les personnes non répondeuses ou répondeuses partielles (dont le VHC n’a pas baissé ou pas suffisamment au cours d’un précédent traitement), que le virus soit indétectable ou inférieur 25 UI/mL à la 4e semaine, il y 36 semaines supplémentaires d’interféron + ribavirine (durée totale de traitement de 48 semaines).

Si la réponse du VHC au traitement avec siméprévir n’est pas suffisante (charge virale supérieure à 25 UI/ml à la 4e semaine), l’arrêt du traitement est conseillé.

Quels effets indésirables ?

Les effets indésirables les plus fréquemment observés dans le cadre des essais cliniques étaient les démangeaisons, les éruptions cutanées, la sensibilité au soleil, une augmentation du taux de bilirubine dans le sang et la constipation.

Quelles interactions ?

Le siméprévir a des nombreuses interactions, en particulier avec les médicaments anti-VIH. Voici une sélection des médicaments autorisés :
- médicaments anti-VIH : les nucléosides (dont Truvada, Kivexa, Combivir), le raltégravir (anti-intégrase) et le maraviroc (anti-CCR5) sont autorisés. La rilpivirine est le seul non nucléoside autorisé. Les autres non nucléosides (efavirenz, etravirine, névirapine) sont déconseillés, de même que les antiprotéases et les boosters (cobicistat - Tybost - et ritonavir - Norvir).
- traitements de substitution aux opiacées : naloxone, buprénorphine et méthadone sont autorisés.
- immunosuppresseurs (médicaments utilisés à la suite de greffes pour éviter les rejets) : aucune adaptation des doses n'est nécessaire avec la ciclosporine et le tacrolimus. Une surveillance des concentrations de ciclosporine, tacrolimus et sirolimus est recommandée.

Le siméprévir ne doit pas être utilisé avec les produits à base de millepertuis, une plante parfois utilisée dans le traitement de dépressions légères à modérées et de troubles de l'humeur.

Recueil d’informations

Si le but premier de l’ATU est de sauver des vies, le recueil d’informations mis en place est très utile, tant pour évaluer le degré d’efficacité chez les personnes difficiles à traiter que l’importance des effets indésirables. Et ce, tant pour la personne elle-même que pour les autres malades. L’ANSM a d’ailleurs travaillé avec l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) pour mettre en place un recueil d’informations supplémentaires à travers la cohorte Hépather (et la cohorte Hépavih pour les personnes co-infectées). L’inclusion dans une de ces cohortes pourra être proposée aux personnes bénéficiant des ATU.

Quel prix ?

D’après nos informations, l’indemnité demandée par Janssen dans le cadre de cette ATU de cohorte est de 11 000 euros pour 4 semaines de traitements. La firme n’a pas souhaité confirmer ce chiffre.

AMM canadienne et américaine

Le 20 et le 21 novembre, le siméprévir a été approuvé au Canada (sous le nom de marque Galexos) et aux Etats-Unis (sous le nom de marque Olysio). Il y est indiqué pour le traitement du VHC génotype 1 en association avec de l’interféron pégylé et de la ribavirine.

Ces décisions canadienne et états-unienne sont fondées sur quatre études menées chez des personnes vivant avec le VHC de génotype 1 : chez des personnes n'ayant jamais été traitées auparavant (essais QUEST-1 et QUEST-2) avec un taux de 80 % de guérison ; chez des personnes "rechuteuses" (essai PROMISE) avec un taux de 80 % de guérison ; et chez 62 % des répondeurs partiels à l’interféron et la ribavirine et 58 % des non-répondeurs (essai ASPIRE).

Des combinaisons sans interféron ?

En Europe, l’AMM (autorisation de mise sur le marché) est attendue au printemps 2014. On ne connait pas encore le nom commercial européen.
Enfin, le siméprévir ne sera pas uniquement utilisable dans des combinaisons avec interféron. C’est ce que prouve notamment l’étude COSMOS rendue publique début novembre au Congrès américain sur le foie (AASLD). Elle évaluait une combinaison sofosbuvir + siméprévir, chez des personnes mono-infectées par le génotype 1 et non répondeurs. Des personnes considérées comme difficiles à traiter.

Chez les personnes avec une fibrose légère à modérée (F1-F2), le taux de guérison était de 93 %, c’est excellent. Chez les personnes avec fibrose avancée (F3) ou cirrhose (F4), le taux d’indétectabilité du VHC à 1 mois après le traitement est de 100 %, il faudra attendre 2 mois supplémentaires pour voir si cela se maintient. Avec de tels taux, ajouter de la ribavirine ou allonger le traitement n’était pas utile. A suivre...

Consultez le site de l’ANSM pour en savoir plus sur l’ATU de cohorte de siméprévir.

Commentaires

Portrait de pascalcoucou

Et Janssen à l1 000 € les 12 semaines, pas si cher, vu les tarifs exorbitants de Giléad.

Enfin  il y a encore l'interferon mais bientôt .... ça sera bien plus facile ....

il le faut !!!!.

Portrait de pascalcoucou

z'aurez rectifié, 11 000 pour 4 semaines pour douze donc 33 000€

   Pascal ... .. .